Wednesday, October 30, 2024

Election et Démocratie : Comment les Marchés Financiers réagissent aux Changements Politiques

L’histoire nous a montré que certains des mouvements les plus marqués sur les marchés financiers découlaient directement d’évènements politiques majeurs. Que ce soit la volatilité importante rencontrée par les marchés des capitaux à la suite du vote en faveur du Brexit en 2016, ou la baisse notable des indices boursiers immédiatement après l’élection surprise de Trump la même année, de nombreux exemples historiques illustrent le lien fort entre les différentes actualités politiques et la volatilité boursière. Ces évènements entrainent souvent une période d’incertitude qui impacte directement la psychologie des investisseurs, menant alors à des ajustements nécessaires de leur stratégie d’investissement.

A l’aube des prochaines élections présidentielles américaines, cette dynamique est à nouveau sous le feu des projecteurs. Les marchés des capitaux restent à l’affût des candidats en lice et de leurs programmes pour tenter de prédire les impacts potentiels sur les entreprises et l’économie en général. Dans ce contexte, cet article vise à explorer la relation entre politique et marchés financiers, en particulier aux abords des élections, afin de mieux comprendre comment les différents évènements politiques peuvent générer des mouvements sur les places financières mondiales.

 

Politique et marchés financiers : une relation clé

Aujourd’hui, les marchés financiers sont des plateformes dynamiques d’échanges et d’interactions constantes. Divers acteurs y interagissent et jouent un rôle crucial pour la finance mondiale. Parmi eux, on distingue les gouvernements et leur influence déterminante sur les différentes places financières, notamment au travers de la politique budgétaire de leur pays. Cette dernière a un impact direct sur les marchés financiers : elle peut influencer la croissance économique, les taux d’intérêts, mais aussi les attentes et les prévisions des investisseurs sur différents sujets tels que l’inflation. La majorité des actions des gouvernements ont également un impact sur les entreprises, elles-aussi actrices majeures du monde financier.

Les rapports entre la politique et la finance sont donc quotidiens et omniprésents, les deux milieux étant fortement interdépendants.

Cette interdépendance se manifeste par une influence directe des décisions politiques sur les conditions économiques globales, ainsi que sur les attentes des investisseurs. Les élections, les référendums, les changements de législation ainsi que les crises politiques sont autant de facteurs susceptibles de créer des mouvements significatifs sur la place boursière. Moments charnières de la vie politique d’un pays, ils entraînent souvent des incertitudes liées à des prévisions diverses qui peuvent avoir de nombreuses répercussions économiques.

En effet, c’est cette incertitude qui est la plus grande ennemie des marchés des capitaux, ces derniers appréciant et recherchant la stabilité. Lorsqu’elle survient, elle perturbe la confiance des investisseurs, provoquant alors une volatilité accrue sur les places boursières.

Il est important de souligner que les réactions des marchés financiers face aux évènements politiques varient considérablement selon les régions du globe, en fonction des différentes structures économiques et politiques de ces régions ainsi que de leur niveau de développement. Chaque Bourse régionale a ses propres caractéristiques et réagit de manière différente aux évènements politiques.

Dans les économies développées, comme les États-Unis ou l'Union Européenne, les marchés des capitaux sont généralement plus stables et plus résilients face aux changements politiques. Ceci est notamment dû à leurs systèmes politiques bien établis. Les marchés émergents sont, eux, souvent plus sensibles aux évènements politiques, ces économies étant généralement plus exposées à l’instabilité politique, aux changements de gouvernance et à l’incertitude juridique. Les places boursières asiatiques, quant à elles, ont souvent des dynamiques particulières. En Chine, par exemple, les décisions politiques prises par le gouvernement central influencent fortement les marchés en raison du rôle capital de l'État dans l'économie.

Tout ceci crée des dynamiques complexes, mais importantes à comprendre pour chaque investisseur averti afin d’optimiser sa stratégie d’investissement à la fois à court et à long terme.

 

Les réactions des marchés face aux élections

Les élections présidentielles et législatives figurent parmi les événements politiques ayant les conséquences les plus difficiles à prévoir et à appréhender pour les places financières mondiales. Lors d’un changement de gouvernement, les nouvelles politiques économiques peuvent créer une rupture avec celles appliquées par le passé, créant ainsi une certaine tension sur les places boursières. Un changement d’idéologie implique une approche différente de la politique monétaire ou fiscale, qui sont de grands moteurs des marchés financiers. Ces ajustements engendrent alors des incertitudes pouvant augmenter la volatilité sur les différentes places boursières.

Il est important de souligner que les élections n’influencent pas uniquement le négoce des actions : le marché obligataire, celui des devises et celui des matières premières sont également impactés.

Ces changements s’expliquent par les variations en termes de perspectives de croissance économique ou des potentiels futurs changements de régulation perçus comme favorables ou non. Les fluctuations dans les anticipations de croissance économique, ainsi que les éventuels changements de régulation perçus comme favorables ou défavorables, peuvent entraîner des mouvements dans ces marchés. Par exemple, une régulation plus stricte du secteur de l'énergie pourrait affecter les cours du pétrole, tandis qu'une réduction d'impôts pourrait faire baisser les taux des obligations d'État.

Avant une élection, les investisseurs peuvent adopter une position d’attente, où le volume des transactions diminue et la volatilité augmente. Ce comportement s’explique notamment par la difficulté à prédire les résultats électoraux et leurs conséquences économiques. Les sondages jouent alors un rôle crucial dans la construction des prévisions économiques des investisseurs. Ils vont permettre d’influencer les attentes des investisseurs, surtout lorsque les résultats semblent serrés ou incertains. Les marchés vont ensuite ajuster le prix des actifs en fonction des différentes projections, laissant les investisseurs modifier leurs stratégies d’investissement à court terme, en particulier concernant les secteurs favorisés par les politiques envisagées par les différents candidats. C’est lorsque les résultats finaux divergent des sondages que l’on observe le plus de mouvements inattendus, créant alors des opportunités ou des pertes importantes sur la place boursière.

Historiquement, les marchés tendent à réagir positivement après les élections lorsque le résultat est perçu comme favorable à l’économie, mais aussi du fait de la levée des incertitudes qui y sont associées. Cependant, les réactions peuvent être négatives si les politiques proposées sont considérées comme potentiellement nuisibles à la croissance économique.

En somme, les élections, bien qu’elles puissent créer de l’incertitude à court terme, finissent par offrir aux investisseurs une vision plus claire des orientations économiques à venir. C’est cette capacité à lever l’incertitude qui rend souvent les résultats électoraux, une fois connus, bénéfiques pour les marchés à plus long terme, à condition que les politiques mises en place favorisent la stabilité et la croissance.

 

Cas pratique : les prochaines présidentielles aux Etats-Unis

Tous les quatre ans, une question phare refait surface : quel sera l’impact boursier de l’élection présidentielle américaine ?

Bien que le résultat des prochaines élections ne provoquera sans doute pas d’impact dramatique sur la Bourse, il est clair que des variations sectorielles pourraient apparaître selon le candidat vainqueur.

Les politiques des deux candidats divergent sur de nombreux sujets, et favorisent différentes industries. Trump a par exemple tendance à soutenir les secteurs traditionnels tels que le pétrole et la défense, tandis qu’Harris privilégie souvent les énergies renouvelables et les véhicules électriques.

Leurs politiques budgétaires, qui, comme nous l’avons mentionné précédemment, impactent régulièrement les marchés financiers, sont plutôt différentes, entraînant alors différentes conséquences potentielles pour la Bourse. Les Républicains, dont fait partie Donald Trump, ont tendance à privilégier les baisses d’impôts et la déréglementation afin de stimuler les prévisions de croissance des entreprises. Les Démocrates, menés cette année par Kamala Harris, prônent quant à eux des politiques fiscales plus progressistes, mettant l’accent sur les dépenses publiques et une éventuelle hausse des impôts pour les entreprises et les particuliers aux revenus élevés. Ceci peut alors créer une certaine incertitude dans certains secteurs fortement impactés par ce type de mesures, tels que la finance.

La politique monétaire joue également un rôle crucial. Bien que la Réserve Fédérale Américaine (Fed) soit indépendante, le président américain peut influencer sa composition en nommant les membres du Conseil des Gouverneurs. Un président favorable à des taux d'intérêt bas, comme Trump, pourrait encourager une politique plus expansive. Ceci profiterait alors aux places boursières à court terme, mais pourrait créer des pressions inflationnistes aux incidences négatives sur la valeur des obligations à long terme. A l’inverse, Harris opterait plutôt pour une politique budgétaire plus modérée et un contrôle plus strict de l’inflation, réduisant ainsi la volatilité sur les marchés des capitaux.

En termes de négoce des devises, une victoire de Trump pourrait favoriser un renforcement du dollar, notamment s'il persiste dans ses politiques fiscales expansionnistes. Toutefois, une politique commerciale agressive pourrait peser sur les monnaies des marchés émergents. À l'inverse, une administration Harris pourrait instaurer un climat plus stable, entraînant une appréciation plus modérée du dollar, surtout si elle privilégie une gestion budgétaire plus prudente.

Même s’il peut sembler que ces préoccupations soient plutôt centrées sur l’économie nationale américaine, il est crucial pour les investisseurs européens de prêter attention à ces enjeux. En tant que première puissance économique, les Etats-Unis influencent non seulement les places financières mondiales, mais aussi les politiques économiques et commerciales à l’échelle internationale. De plus, nombre de nos investissements concernent des entreprises ou des organisations opérant aux Etats-Unis, nous rendant donc directement vulnérables à des potentielles hausses de volatilité dues aux élections.

Ainsi, selon l’issue décidée par les urnes, les investisseurs du monde entier devront ajuster leurs portefeuilles en fonction des résultats, car chaque scénario présente des opportunités et des risques distincts. Malgré tout, il est essentiel de conserver une attitude positive. Quel que soit le vainqueur, il est probable qu’il adopte des mesures favorables aux marchés financiers sur le long terme. Plus que leurs propres plans politiques, ce seront surtout leurs réactions aux défis majeurs qu’ils rencontreront dans les prochaines années, tels que la prolifération massive de l’intelligence artificielle, les différentes instabilités géopolitiques ou le changement climatique, qui définiront le paysage économique et financier de demain.